« Avec le retour de Poilievre à la Chambre, les conservateurs retrouvent non seulement la voix de leur chef face à Carney, mais ils ont également l'occasion de présenter un nouvel ensemble de priorités et de retrouver leur énergie », écrit Samantha Thompson, conseillère en affaires publiques.

« Damien et Danielle Kurek incarnent la grâce et l'intégrité. Merci à eux deux de toujours faire passer le Canada en premier », a écrit le chef conservateur Pierre Poilievre, photographié ici avec son épouse Anaida, sur les réseaux sociaux. / PHOTO DE TWITTER

Le chef conservateur Pierre Poilievre est de retour au Parlement après avoir remporté une victoire écrasante lors de l'élection partielle dans la circonscription de Battle River–Crowfoot, en Alberta, avec 80,4 % des voix et un taux de participation de 58,82 %. Ce résultat lui permet de retrouver son siège à la Chambre des communes et de réaffirmer son statut de chef de l'opposition officielle à l'approche d'une session d'automne très critique.

Pour les conservateurs, le résultat de l'élection partielle rétablit la stabilité à la tête du parti et lui permet d'entreprendre la session d'automne avec son chef de retour à la Chambre des communes, face au premier ministre Mark Carney. Il renforce également le message selon lequel le mouvement conservateur reste fort dans son fief et est prêt à s'appuyer sur cette base à l'échelle nationale.

La révision de la direction de janvier mettra à l'épreuve le leadership de Poilievre et le soutien du caucus

La victoire aux élections partielles ouvre désormais la voie à la révision de la direction du parti en janvier. M. Poilievre devrait largement l'emporter, mais le niveau de soutien sera important. Les données récentes ont démontré que le soutien de la majorité ne se traduit pas nécessairement par un mandat fort. Il suffit de demander à l'ancien premier ministre de l'Alberta, Jason Kenney, qui a remporté de justesse la révision de sa direction avec 51,4 % des voix en 2022 et a réagi en présentant sa démission. Pour Poilievre, il sera essentiel de maintenir l'unité du parti et de mobiliser ses membres afin d'obtenir un mandat clair.

De retour à la Chambre, Poilievre devra également rétablir son autorité au caucus. En son absence, les députés ont bénéficié d'une plus grande visibilité pendant la période de questions et d'une plus grande liberté vis-à-vis des médias, une stratégie qui a permis de faire valoir l'esprit de corps de l'équipe et de prévenir le mécontentement après la défaite aux élections fédérales d'avril. Cette approche a également permis d'éviter le type de dissensions internes qui, après les élections de 2021, ont abouti à la destitution d'Erin O'Toole par ses propres députés. La manière dont Poilievre parviendra à concilier la discipline au sein du caucus et le rétablissement de son autorité sera déterminante pour son nouveau départ politique.

Au-delà de la gestion du caucus, le rôle des factions provinciales constituera un enjeu important à l'approche de la révision de la direction en janvier. En Ontario et en Nouvelle-Écosse, notamment, les conservateurs se sont appuyés sur une large coalition formée sous Stephen Harper, qui associait la base des Prairies à un soutien crucial en Ontario et dans les provinces de l'Atlantique. Il sera essentiel de rétablir et de renforcer la confiance dans ces régions si Poilievre veut consolider à nouveau cette coalition.

Possibles changements au cabinet fantôme

Une autre décision à prendre rapidement sera celle de modifier ou non le cabinet fantôme. L'équipe actuelle est importante, ce qui reflète à la fois la taille du caucus et la volonté du parti de se donner une large visibilité. Le maintenir tel quel éviterait des frictions avant la révision de la direction, alors qu'un remaniement ciblé pourrait faire émerger de nouvelles voix et de concentrer l'attention des conservateurs sur les dossiers prioritaires. Quel que soit le choix retenu, il indiquera comment Poilievre entend concilier stabilité et renouveau alors qu'il positionne son parti face à un gouvernement qui se rapproche du centre politique en matière de politique énergétique et fiscale.

Pleins feux sur le Canada rural

Le fait de représenter une des circonscriptions les plus rurales du Canada offre à Poilievre une nouvelle tribune. L'agriculture, le rail et les ports sont les moteurs de l'économie locale, tandis que l'Alberta reste au cœur du débat énergétique au Canada. Ce contexte renforcera l'attention globale de Poilievre sur les emplois dans les secteurs de l'énergie et des ressources, d'autant plus que les libéraux adoptent un ton plus favorable à l'énergie.

Ce que cela signifie aujourd'hui

La victoire aux élections partielles ne changera pas radicalement les sondages nationaux, mais elle met fin à plusieurs mois de paralysie temporaire dans laquelle se trouvaient les conservateurs fédéraux depuis les élections d'avril.

Avec le retour de Poilievre à la Chambre, les conservateurs retrouvent non seulement la voix de leur chef face à Carney, mais ils ont également l'occasion de présenter un nouvel ensemble de priorités et de retrouver leur énergie.

Comment Poilievre abordera-t-il ses confrontations directes avec Carney à la Chambre des communes? Comment ripostera-t-il aux mesures prises par le gouvernement pour s'aligner sur les priorités conservatrices? Poilievre s'avérera-t-il être une épine dans le pied de ce gouvernement, comme il l'était sous le premier ministre Trudeau?

Ces questions seront essentielles pour regagner la confiance du grand public, mais surtout, elles constitueront une occasion de relever les défis internes en matière de gestion : discipline au sein du caucus, orientation du cabinet fantôme et préparation d'une révision de la direction qui déterminera la manière dont les conservateurs aborderont les prochaines élections.